Fin 2016, après une année qu’on pourrait qualifier de mi-catastrophique, mi-révélatrice, j’ai eu l’idée complètement farfelue de postuler à Sephora. Farfelue car je n’avais aucune expertise dans ce domaine. Audacieuse, parce que j’y suis allée quand même. Passionnée par la beauté depuis petite, j’allais enfin expérimenter ce domaine qui n’était pas ma voie professionnelle, puisqu’à l’époque j’envisageais résolument de devenir enseignante en histoire géographie. Je m’étais dis que, quitte à explorer le métier de conseillère beauté c’était maintenant ou jamais.
Cela faisait plusieurs années que j’étais lasse de ce milieu universitaire qui m’apprenait à bien et à beaucoup réfléchir, mais qui ne me mettait entre les mains rien de concret. Je crois que cela s’est vraiment exacerbé lorsque j’ai plongé dans le monde abyssal et cruel de la recherche d’emploi.
Je suis donc arrivée chez Sephora, sans aucune connaissance technique et seulement quelques visionnages de vidéos YouTube à mon actif. J’ai été plongée dans le bain dès le premier jour et j’ai du me battre avec ma réserve naturelle.
La curiosité a été mon guide et mon alliée dans ce nouvel apprentissage. Poser des questions, ça je savais faire ;demander le pourquoi du comment, aller au fond des choses, m’ont permis d’acquérir rapidement les compétences de bases. Mais quand il a fallu prendre un pinceau c’était autre chose. Je savais déjà bien me maquiller, mais maquiller les autres c’était un tout autre monde ! Il y a une vrai technicité à acquérir. J’avais la peur au ventre de me tromper, car le retour de la cliente est instantané, parfois brutal même, mais souvent bienveillant aussi. La seule chose à faire : essayer, recommencer, essayer, recommencer…
Alors depuis 4 ans, je regarde, j’observe, je scrute, je mémorise, je décortique les gestes de tout le monde, et surtout des make up Artist qui viennent nous animer sur les marques.
Peu à peu cette proximité physique qui me semblait étrange et un peu malaisante au début, j’ai su l’apprivoiser. Car au fil des applications, mon geste s’est fait de plus en plus sûr, ma voix s’est posée, mon ton s’est affirmé. Soulever la paupière d’une cliente pour lui appliquer du mascara n’a plus de secret pour moi, merci Cassandre !
De tous les métiers que j’ai exercé dans la vente celui de conseillère en maquillage est sans doute le plus difficile mais aussi le plus fascinant. Ce métier est unique dans la relation qu’il crée avec un ou une cliente. Tout de suite, on rentre dans l’intime. Le visage, cette partie du corps qui fonde notre identité dans bien des lieux fait l’objet de beaucoup de croyances, de complexes, d’idées reçues. Si bien que, dans cette relation étroite qui se crée, transparaît beaucoup de psychologique. C’est comme si la personne nous confiait son identité. A nous de la comprendre, pour la satisfaire au mieux. Parfois ce sont des identités qui sont révélées. Il n’y a rien de plus satisfaisant que de voir le regard pétillant d’une personne qui vient de se retrouver.
Les conseillères sont donc amenées, non seulement à appliquer quelques produits dans le but de confirmer une vente, mais également à réaliser des maquillages complets. L’aspect créatif, l’instinct artistique sont des caractéristiques qui m’ont fait véritablement adorer ce métier. Pas très à l’aise avec les imprévus, je me suis surprise à aimer l’improvisation de chaque minute, construire un smokey, rattraper un eyeliner, gérer un fond de teint qui peluche, renforcer un contouring; le stress d’arriver à un résultat satisfaisant à la fin du temps imparti, puis voir un visage qui s’éclaire, un sourire se dessiner…
La magie a opéré.
Prochainement, une approche du métier par les sens